Cet ouvrage rassemble des contributions de plusieurs recherches de terrain entreprises dans le cadre du programme de recherches sur la migration internationale des Marocains mené par l « Association Marocaine d Etudes et de Recherches sur les migrations » en partenariat avec la fondation helvétique « Population, Migration et Environnement ». Il invite le lecteur/lectrice à une approche plurielle du processus migratoire au Maroc à travers l histoire des évolutions des mouvements migratoires, l analyse des impacts et l émergence de nouveaux comportements. Tous ces thèmes ont permis d aborder le changement social provoqué par la migration qui affecte et modifie les mentalités et les pratiques. Quelle que soit la perspective, la migration apparaît comme un phénomène qui « travaille » la société où les migrants, absents physiquement, sont en fait « présents » non pas seulement parce qu ils envoient de l argent mais aussi parce qu ils exercent de multiples influences sur les sociétés d origine. La migration n exerce pas seulement ses effets sur les représentations. Les motivations de la migration ont aussi clairement changé : les études revisitent l hypothèse qui fait de la pauvreté la cause majeure de la migration, et démontrent que, bien que le souci d amélioration de sa situation matérielle persiste chez tout candidat à la migration, ce ne sont pas les plus démunis qui cherchent à partir.

Elles démontrent aussi que les transferts sont loin d être un moyen efficace pour assurer le développement économique et freiner l émigration. Même au niveau de l investissement entrepris par les Marocains résidant à l étranger, des mutations sont palpables puisque, désormais, de nouvelles attitudes plus modernes apparaissent, comme le prouve l exemple, analysé dans cet ouvrage, de l investissement dans le tourisme de découverte des médinas marocaines. Bien plus, les contributions ont réfuté la fameuse idée communément répandue qui consiste à croire que « tout le monde veut émigrer ». Les enquêtes menées auprès des jeunes par exemple tendent au contraire à montrer qu il existe un fossé entre le désir d évasion vers un ailleurs idéalisé et la construction effective d un projet de départ. C est que la migration ne dépend plus de la volonté familiale et/ou de la demande de pays européens. Elle ne répond plus à des demandes. Elle est devenue plus autonome.